Un concert – Making of – Episode 3: la programmation

Hello !
Cet article fait suite au précédent qui parlait du choix des claviers.
Alors je suis maintenant fixé, et je n’en prends qu’un seul, mon Kurzweil pc3.

C’est maintenant le moment de programmer le clavier, mais qu’est-ce que ça veut dire concrètement ?

Il faut savoir qu’en musique, il y a plusieurs programmations:
– la programmation qui consiste à créer ou à éditer un son
– la programmation qui consiste à créer une séquence de sons (c’est très utilisé sur des sons de batterie)
– la programmation qui consiste à configurer le matériel pour le live. Ca regroupe pas mal de choses, dont les changements de sons, les séquences à envoyer, les paramètres des effets…

C’est de cette dernière programmation qu’il est question aujourd’hui (cet été, je ferai des mini-tutoriaux sur la synthèse et vous montrerai comment créer un son de A à Z).

Multis, splits et layers
Voilà des mots bien compliqués qui demandent des explications, puisqu’ils sont la base de ma programmation.
Un clavier a plusieurs modes de fonctionnement:
– on parle de single ou sound quand on utilise un seul son (un piano, par exemple).
– on parle de multi quand on utilise plusieurs sons, mais il est alors possible d’utiliser des sons soit ensemble, soit chacun sur une portion du clavier définie.
– on utilise le terme layer quand plusieurs sons sont superposés.
– on parle de split quand les sons sont séparés sur des parties différentes du clavier.
Evidemment, il est possible de combiner plusieurs splits et layers.

Action !
Je vais maintenant prendre un exemple concret pour le concert de Clara Neville.
Je prends la programmation que j’ai faite pour le morceau « Je t’aime à bout portant »
Sur ce morceau, j’ai besoin d’un son de piano électrique Wurlitzer, d’un piano électrique Rhodes, et de nappes. Le Wurlitzer et le Rhodes jouent sur les couplets, mais pas au même moment.
Le Rhodes et les nappes jouent sur les refrains.
– Le Wurlitzer ne jouant que sur les couplets, seul, aura sa propre zone, ce sera donc un split.
– Le Rhodes et les nappes seront des layers, sur une autre zone.

Ici, on voit les 4 sons que je vais utiliser, ainsi que leurs zones respectives

Mais évidemment, ça ne s’arrête pas là. Pour avoir une évolution sur le morceau, notamment sur les refrains, je choisis d’avoir plusieurs sons de nappes différents, histoire de faire évoluer mon son.

Voilà donc l’inventaire des sons en présence:

Tout est sous contrôle !
Sur l’extrait du Rhodes, vous pouvez entendre un tremolo, ainsi qu’une distorsion. Ces effets sont tous contrôlés en live. Un molette de modulation me permet de contrôler la profondeur du tremolo, et un fader me permet de gérer la distorsion. Ce sont les mêmes contrôles pour le Wurlitzer.
J’utilise également d’autres faders pour gérer le volume de chaque partie, ce qui me permet de faire rentrer chaque instrument progressivement.

Les 9 faders et 2 molettes du PC3, et la pédale de délai.

A tous ces sons, je vais ajouter un délai (en l’occurrence, ma pédale Eventide TimeFactor). Elle aussi peut être contrôlée. Je joue donc avec deux paramètres: l’activation du délai, et un réglage du mix entre le son normal et le son des répétitions (réglage via une pédale).
Voilà donc le résultat sur un refrain, avec dans l’ordre:
Rhodes, puis ajout des nappes 1, nappes 2, puis activation du délai, puis augmentation du volumes des répétitions, et je fais ensuite l’ordre inverse. C’est un peu brut, mais c’est pour vous donner une idée.

Voilà, l’idée, ce travail est fait sur chaque morceau. Il ne reste plus qu’à tester tout ça en répétition, pour voir si les sons vont bien avec les autres instruments…