L’album – Episode 3 – l’échec commercial

Hello tout le monde !
Voilà un titre vendeur, pour un article plein d’optimisme…
Je pense être réaliste, mon album ne sera pas un succès commercial.
D’abord, c’est de la musique instrumentale, un genre pas très en vogue.
Il existe pourtant des groupes qui s’en sortent correctement, Electro Deluxe, General Electriks et Snarky Puppy étant les exemples qui me viennent à l’esprit. 
Malgré un talent indéniable, ils font partie des artistes peu connus. Ces trois groupes, comme beaucoup d’autres en musique instrumentale, ont comme point commun un esprit jazz, ou fusion. On pourrait également citer des groupes comme C2C ou Birdy Nam Nam, qui s’en sortent bien également.
Après avoir écouté les morceaux de mon album plusieurs fois, il m’apparait clair que je ne suis pas dans ce style.  
Je pourrais peut-être, comme beaucoup, faire des reprises. C’est quelque chose qui marche bien, au point que certaines maisons de disque préfèrent dire à un artiste de faire d’abord des reprises avant de proposer des morceaux originaux. 
Encore une fois, le style bloque. Ce serait facile de faire des reprises de musique de séries, de films, ou de jeux vidéos, mais il y a fort à parier que le public touché ne serait pas intéressé par l’album, puisque différent de ces musiques. 
Elodie Frégé se plaignait récemment qu’elle était beaucoup sollicitée pour des émissions où elle devait chanter des reprises, mais que personne ne la contactait pour ses chansons. 
Ally Rhodes, une chanteuse que j’ai découverte sur youtube, et dont j’ai les deux albums, a annoncé récemment qu’elle arrêtera de poster des reprises, ça lui prend du temps, et malgré l’audience que ça peut lui apporter, c’est du temps qu’elle ne passe pas sur des projets qui lui plaisent.
Aujourd’hui, les projets originaux sont rares. On remet au Goldman au goût du jour, on sort des albums de reprises, les professionnels de la musique ne prennent pas vraiment de risques, ils recyclent (ceci dit, c’est valable aussi dans le cinéma…). Et ils osent dire qu’il y a une crise du disque.
Evidemment, il y a une crise du disque, mais peut-être qu’il faudrait plus d’artistes dans le paysage musical. C’est un domaine qui est, comme beaucoup d’autres, régi par la loi de l’offre et de la demande.
De l’offre, il y en a. 
De la demande, il y en a aussi.
Le hic, c’est qu’il y a trop de gens qui décident de l’offre, et qui en créent la demande. Ca a l’air compliqué comme ça, mais en fait c’est très simple : il suffit de choisir parmi tous les artistes (qui ont tous un public, c’est évident) le moins moche (très important, l’image compte énormément), pour ensuite lui construire un univers sur mesure, et faire la promo de tout ça. Avec de la promo, tout se vend… au détriment du reste. 
Je me souviens avoir vexé une élève de piano en lui disant qu’elle avait choisi un morceau vraiment mauvais (morceau d’une comédie musicale). J’avais ensuite dû m’excuser et m’expliquer.
Evidemment que le morceau lui plaisait, il avait été fait dans ce but. Des textes légers, une mélodie vite faite et quatre accords efficaces, passages radio, publicités télé… ça suffisait. Mais même si les gens qui ont fait ce morceau ont un talent, il n’en reste pas moins que le résultat n’est qu’un produit commercial, certes original, mais fait dans le but de rapporter de l’argent.
L’inconvénient de cette pratique, c’est que les goûts musicaux ne sont plus vraiment personnels…
Alors face à ça, il y a les gens qui disent que ce sont les règles, que ça marche comme ça et qu’il faut faire avec, et il y a les autres.
Je fais partie des autres.
Pourquoi j’ai décidé de faire cet album ?
  • D’abord, parce que j’ai les ressources techniques et financières pour pouvoir le réaliser dans de bonnes condition. J’organise mon travail pour pouvoir faire cet album dans mon temps libre.
  • Ensuite, parce que j’en ai l’envie.
  • Enfin, parce que je fais partie de ces artistes qui font de la musique sincèrement, et pas dans un but commercial. Je fais la musique que je veux faire, je la fais sonner comme je veux qu’elle sonne, et ça plaira. Bien sûr, ça ne plaira pas à tout le monde, mais chaque musique a son public, le plus dur étant de le trouver.
Peut-être ferai-je partie de tous ces artistes que j’ai côtoyés et qui ont arrêté, forcés de prendre un «vrai» métier, ou qui ont déménagé à l’étranger dans des pays où la musique est plus importante qu’en France, mais en tout cas je n’aurai pas à regretter d’avoir fait ce que je voulais.
Ce blog est le mien, et vous êtes évidemment libres de commenter ce point de vue !

Et puis si vous avez des idées sur la façon de trouver son public sans passer par la case maison de disque, je suis preneur…
La semaine prochaine, je vous parle de l’inspiration !

5 thoughts on “L’album – Episode 3 – l’échec commercial”

  1. Merci Béatrice. J'ai bien conscience que le problème est valable dans d'autres domaines, et je partage ton avis ! Et je suis aussi d'accord sur le fait que pour faire découvrir la musique, il faut qu'elle soit entendue, tout comme un BD doit être vue.

  2. Ceux qui sont "forcés de prendre un «vrai» métier", je ne me sens pas du tout visé ! ;o)

    Bon sérieusement là, il y en a pour des heures de débat, mais globalement le prb est beaucoup plus large que nos propres petites vie : il s'agit pour moi d'une question d'époque.

    Il y eut une époque où le capitalisme (appelons les choses comme elles sont) était moins fermé sur lui-même et où il était possible peut-être de vivre un peu comme bon nous semblait… mais ce temps est révolu (je crois qu'il ne faut pas se voiler la face, l'injonction qui nous est faite en permanence, quoi qu'on en pense est "s'adapter à notre époque ou mourir")

    J'ai bcp passé de temps pendant mes études d'histoire contemporaine à me poser justement cette question de ce qui faisait qu'avant on pouvait certainement plus y arriver, et j'ai fini par trouver une réponse générale : nous ne sommes plus dans la "Parenthèse Enchantée", les conditions ne sont plus réunies.

    La question que tous les artistes doivent se poser est : est-ce que ça vaut le coup de continuer à se taper la tête contre le mur ?
    Ce qui n'empêche pas de sortir des albums solo, loin de là ;o) (moi-même, d'ailleurs !) mais de là à en attendre un quelconque bénéfice pécuniaire, mmh…

    M

    PS : chouette, ton petit blog ;o)

    1. Merci Marc. Perso, je pense que sortir un album solo, c'est bien, mais après, il faut quand même en vivre un minimum…à chacun de trouver le moyen pour y arriver et lutter contre les grosses machines. J'ai des amis qui sont constamment en tournée avec des artistes sans maison de disque…à force de persévérance.

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