Shadows – Fabrication des micros à ruban

Alors dans l’article précédent, je vous parlais des deux micros statiques que je m’étais fabriqués et je terminais l’article en vous disant que ça ne faisait que deux micros de plus.

En réalité, je me suis aussi fabriqué 2 micros à ruban.
Alors pour ceux qui ne savent pas ce qu’est un micro à ruban, c’est un micro dont la membrane est composée d’une fine feuille d’aluminium placée entre deux aimants puissants.

Je n’avais jamais entendu ce type de micro, mais on m’en avait souvent parlé en bien, j’ai donc décidé de tester.

Dans un premier temps, j’ai acheté d’occasion un T.Bone RM700. J’ai testé et… j’ai adoré.
Alors bien sûr, il manque de l’aigu, et ça a un son bien spécifique, mais c’est justement pour ça que j’ai aimé.
Je pense que c’est le genre de micro à essayer sur tout, mais qui n’est absolument pas fait pour tout.

Bref, une fois le micro testé, je me suis dit que la qualité Thomann étant ce qu’elle est, j’allais modifier ce micro, et dans le même temps, j’allais également essayer de m’en fabriquer un autre.

Le nouveau micro

Pour faire un micro à ruban, il faut trois éléments :
– Le « moteur » (le système aluminium / aimants)
– Un transformateur de sortie, j’ai choisi le très répandu et réputé Lundahl 2912. J’utilise déjà des transformateurs Lundahl dans mes préamplis, donc je sais qu’ils sont très bien.
– Un corps de micro avec une prise XLR

Le corps

Le nouveau micro (appelons-le Le Bleu) a été le plus facile à fabriquer. J’ai commandé en Chine un micro vendu pour être un micro de super qualité. Je l’ai payé 30€ frais de ports inclus. Une fois reçu, je l’ai vidé de son contenu qui ne m’inspirait aucune confiance, j’avais donc mon corps.

Le transformateur et le moteur

J’ai commandé les transfos chez Ceres Electronique, j’avais donc également les transfos.
Pour le moteur, j’en ai commandé un tout fait chez Diyaudiocomponents.
J’avais donc tous les composants pour fabriquer ce nouveau micro. J’ai fait un trou dans la plaque qui maintenait l’ancienne membrane et j’ai fixé le driver sur cette plaque avec des petites équerres. Quelques soudures plus tard, le micro était prêt.

 

Modification du micro T-Bone

La modification du T.Bone m’a posé plus de problèmes.
J’avais le transfo et j’avais également le corps. C’est justement lui qui posait problème.
D’abord, le driver était déjà fait, et en métal, donc conducteur. Si jamais l’alimentation Phantom du préampli dans lequel était branché le micro était allumée, alors adieu le ruban…
J’ai donc décidé de fabriquer un driver avec un cadre en bois, de commander des aimants, et de faire moi même la feuille d’aluminium.
Le cadre en bois a été facile, commander les aimants également. Par contre, coller les aimants sur le cadre a été un enfer, les aimants étant espacés de 5mm, ils étaient trop puissants pour rester collés. J’ai donc fabriqué un autre cadre en bois, avec une petite cale au milieu qui empêchait les deux aimants de se rapprocher.
En pratique, les deux aimants se sont tout de même attirés et ne sont pas vraiment face à face, mais ça fonctionne bien, malgré un design catastrophique.

La feuille d’aluminium

Pour la feuille d’aluminium, on utilise généralement une épaisseur entre 1,8 et 2,5 microns (2,5 c’est l’épaisseur de la feuille qui compose le moteur de chez diyaudiocomponents ; pour info, dans des micros de type Thomann, on est vers 5 microns, et une feuille d’aluminium de cuisine fait environ 15 microns). Des feuilles de cette épaisseur sont assez chères, mais j’ai réussi à trouver chez Charrier des feuilles de 0,5 microns pour 12€ les 10.
L’avantage est un gain de dynamique d’environ 6dB, ce qui n’est pas négligeable.
L’inconvénient, c’est que 0,5 micron, c’est très très fin, il ne faut pas respirer à côté, sinon, la feuille vole.

Après avoir eu mes feuilles, il a fallu les découper. Mon ruban fait 3mm de largeur. Une fois découpées avec un cutter bien neuf, il faut plier la feuille, pour qu’elle devienne un peu élastique et puisse vibrer. Pour ça, j’ai récupéré un vieux magnétoscope duquel j’ai extrait quelques roues crantées, et j’ai fait passer le ruban d’aluminium là-dedans.

Ensuite, je l’ai fixé entre les deux aimants via deux petites plaques, et le tour était joué.

Résultats

Alors ce micro est super, la qualité a bien augmenté. Il est intéressant de noter qu’avec mon nouveau cadre en bois, le ruban n’est maintenant plus centré dans la grille du micro, et le micro a donc 2 réponses en fréquence différentes, selon qu’on soit d’un côté ou de l’autre. Pour rappel, un micro a ruban est bi directionnel, il prend donc le son de devant et de derrière, et il est censé avoir la même réponse en fréquence de chaque côté.

Alors comment ça sonne tout ça ?
Voilà un petit morceau brut enregistré uniquement avec ces micros.
Quelques infos techniques :
– La clarinette et le Tin Whistle ont été enregistrés avec le micro T.Bone modifié, coté « bright »
– J’ai fait une prise de son stéréo Blumlein devant la guitare avec les deux micros
– Il y a 2 Cajon, l’un avec timbre, l’autre sans, pris de la même manière : le T.Bone devant, le Bleu derrière.
Pas de compression, pas d’égalisation, pas d’effets…

A la semaine prochaine !

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